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Maroc, Tunisie, Egypte : les banques résistent

Selon l'agence S&P, malgré le Printemps arabe, les banques ont continué à dégager des profits et à financer les entreprises.

"Les systèmes bancaires des pays arabes du pourtour méditerranéen ont montré leur solidité en résistant à un contexte politique, social et géopolitique instable", indique Standard & Poor‘s (S&P) dans une étude. Le Maroc, la Tunisie et l'Égypte avaient pourtant vu leurs notes dégradées par l’agence américaine depuis 2010. "Toutefois, au vu des autres indicateurs d’évaluation des risques, les banques sont restées assez solides, qu’il s’agisse de profitabilité ou de qualité des actifs", observe l’agence américaine.

Des indicateurs au vert

Malgré les difficultés, les banques ont en effet continué de jouer leur rôle de financement de l’économie à travers les prêts au secteur privé. La part des crédits bancaires délivrés au secteur privé en pourcentage de PIB est restée stable pour la Tunisie et le Maroc autour de 70%. Par contre, pour l’Égypte, elle a fortement baissée passant de 40 à 25%.

Autre point positif : les banques ayant resserré leurs normes de souscription, "la qualité des actifs n'a pas été détériorée à un point comparable à l'ampleur des turbulences politiques de la région", indique S&P. Au Maroc par exemple, le stock de créances douteuses est resté stable. Pour la Tunisie et l'Égypte, les actifs improductifs pourraient néanmoins être sous-estimés, estime S&P. Pour la Tunise, l'agence de notation américaine attend des mesures de restructuration de la part du gouvernement. Parallèlement, elle considère que le faible endettement du secteur privé égyptien contribue de son côté à amortir les risques dans le pays.

Enfin, signe de la confiance des ménages dans le système bancaire, le ratio entre les prêts et les dépôts est également resté stable pour le Maroc, la Tunisie et l'Egypte. "Il n'en reste pas moins qu'ils doivent poursuivre leurs initiatives dans le domaine réglementaire pour renforcer les fonds propres", souligne S&P. En effet, la capitalisation des banques, encore faible en Tunisie, au Maroc et en Égypte, devrait être renforcée pour plus de sureté.

Le risque principal reste la solvabilité des États

Donc les bons indicateurs ne manquent pas. Cela dit, "sur les douze prochains mois, il est peu probable que nous rehaussions les notes des banques de la région, comme l’indiquent nos perspectives sur les notes qui sont "stables" ou "négatives" », déclare S&P.

Petit rappel : alors qu’elles étaient comprises entre "BBB" et "B-" avant 2010, les notes des banques du Maghreb s'étaient dégradées du fait des événements du Printemps arabe. Elles s’échelonnent actuellement entre "BB" et "B-". Une conséquence liée à la détérioration de la dette souveraine, la dette des Etats dans cette région. "Autant dire donc que la qualité de crédits des États respectifs constituera le principal déterminant de notation des banques sur la période 2014-2015", prévient l’agence. "Or, cette solvabilité des Etats restera fragile dans les douze prochains mois", ajoute-t-elle. Explication : les gouvernements sont pour le moment un peu trop vulnérables pour fournir un soutien extraordinaire aux banques en cas de besoin. Exception notable : le Maroc, dont les autorités disposent d’une meilleure capacité financière.

L'impact d'un dynamisme économique et commercial moindre

Sur la période 2014-2015, les banques du sud de la Méditerranée continueront de rencontrer des conditions d’exploitation difficiles. En cause : les incertitudes politiques internes en Égypte et en Tunisie. Celles-ci ne manqueront pas d'influer sur la reprise économique et la croissance du crédit au secteur privé. Autre élément déterminant : la situation en Europe. Faut-il le rappeler, l'Europe demeure à ce jour le principal partenaire commercial des pays de la région.

Des raisons d'espérer une meilleure situation

S&P continue néanmoins de croire que "les banques de la région sont prêtes à accompagner la reprise si les risques politiques et géopolitiques s’atténuent". La région possède en effet de nombreux atouts sur lesquels pourront s’appuyer les systèmes bancaires, parmi lesquels la forte démographie, la main d’œuvre qualifiée, l’inclusion financière croissante et la sophistication des produits. Autre moteur de croissance sur lequel les banques des pays du Maghreb pourraient s'appuyer selon S&P : le développement de leurs activités vers l'Afrique subsaharienne. Le Maroc s'y est mis et, au regard des signaux émis ici et là, nul doute que ses voisins s'apprêtent à s'y mettre aussi. De quoi raffermir encore plus la santé des banques de la région.

Maroc, Tunisie, Egypte : les banques résistent
Tag(s) : #Banques
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